foraus a écrit l’un des chapitres du livre «Suisse – Europe. Portrait d’une relation complexe». Alexandre Biedermann, l’un des auteurs, présente le contexte de cette démarche essentielle et plaide pour la reconnaissance de la « petite politique étrangère ». Un thème incontournable pour la Suisse romande.
Récemment, le débat suscité dans le cadre de l’initiative « de mise en œuvre » du renvoi des étrangers criminels a rappelé que la « société civile » est une formidable caisse de résonnance pour influer sur l’issue d’un scrutin. Cette société civile, justement, a autant de visages que de personnes ou groupes de personnes qui s’engagent à faire passer un message. Celui-ci sera différent selon qu’il est prononcé par des professeurs de droit, des représentants de la culture, une organisation faitière, un think tank, une association partisane ou encore un groupe de personnalités indépendantes. Au cours de la campagne menée contre l’initiative « de mise en œuvre », le fond du message était pourtant le même : contrer le discours réducteur de ceux qui se présentent comme les défenseurs farouches de l’indépendance nationale et qui ne s’embarrassent pas de réflexions précises sur les dossiers, en particulier ceux qui concernent la question européenne et le droit international.
Parmi les multiples initiatives souhaitant informer de manière précise et accessible au sujet des enjeux et défis de la politique européenne de la Suisse, certains ont estimé nécessaire d’apporter des réponses à la relation complexe qui unit la Suisse et l’Union européenne. Quel chemin trouver entre intégration et indépendance ? C’est l’objectif auquel répond l’ouvrage de l’Ambassadeur Bénédict de Tscharner, ancien chef de la Mission suisse à Bruxelles et président de l’Association LA SUISSE EN EUROPE, qui a bénéficié de la contribution d’une équipe du foraus composée de Cenni Najy, Jérémy Bouvier et moi-même, et qui s’intitule « Suisse – Europe. Portrait d’une relation complexe ».
Cet ouvrage s’articule autour de trois axes principaux : le développement de l’Union européenne, les différentes phases successives qui ont marqué les relations entre la Suisse et l’Union européenne et, enfin, l’importance de la coopération transfrontalière régionale. Au travers de cette division, l’ouvrage a comme objectif de présenter les liens d’interdépendance qui nous lient avec nos voisins et qui ont une influence considérable à l’échelon régional et national. S’il n’élude pas les faiblesses et les points critiques de la politique européenne de la Suisse, il en relève surtout ses points forts.
De la «petite politique étrangère»
Tout naturellement, la politique étrangère nous amène en première ligne de compte à traiter des affaires menées entre Etats souverains. A cela s’ajoute néanmoins la coopération transfrontalière entre les autorités publiques locales et régionales des différents Etats. L’importance de cette « petite politique étrangère » a considérablement changé pour occuper désormais une place de choix dans la stratégie de politique étrangère suisse (voir par ex. le rapport de stratégie de politique étrangère 2012-2015 du DFAE qui la cite en priorité).
D’un point de vue géographique, le constat parle en effet de lui-même avec 15 cantons sur 26 qui sont frontaliers. Il est vrai que les frontières suisses traversent pas moins de quatre régions culturellement différentes et densément peuplées : celle du bassin lémanique, du lac de Constance, de la Lombardie (et de l’Italie du Nord) et du Haut-Rhin. La coopération transfrontalière qui s’y est développée répond alors à des objectifs divers. La volonté de palier à l’absence de métropoles importantes et aux caractéristiques d’un espace majoritairement montagneux guidera par exemple les initiatives transfrontalières de l’Arc jurassien, alors que l’attractivité des centres urbains autours de Genève et Bâle expliquera le dynamisme et l’importance des projets de coopérations existants.
Telle que nous la présentons dans l’ouvrage, cette « petite politique étrangère » s’accompagne d’une multitude d’organismes de coopération transfrontaliers responsables d’innombrables projets de développement. Ceux-ci sont soutenus et mis en place grâce à des sources de financement nationales et européennes. Ils tentent de concilier au mieux les nouveaux flux de personnes, de services et de marchandises qui traversent quotidiennement les frontières – on compte plus de 1,3 millions de passages de frontières avec la Suisse par jour – avec les questions d’économie, de mobilité, de sécurité ou de bien-être.
Si la tâche n’est pas aisée de chiffrer économiquement les effets de la coopération régionale au regard des politiques nationales, nous avons pu faire néanmoins le constat que le développement des structures transfrontalières et leur dynamisme trahit positivement l’apport concret « récolté » à l’échelon régional. A l’instar de la construction européenne au niveau continental, l’Europe semble ainsi gagnante à se construire régionalement autour d’initiatives locales. Et penser la coopération transfrontalière régionale ne manquera visiblement pas de toucher tous les domaines publics et de renforcer l’identité européenne des régions, devenues de nos jours – inévitablement – interdépendantes.
L’ouvrage « Suisse – Europe. Portrait d’une relation complexe » – qui a bénéficié de la collaboration du foraus – est vendu au prix de CHF 18. Toutes les informations utiles sur l’ouvrage (notamment la commande) se trouvent sur le site internet www.suisse-europe.ch.