Rendez-vous annuel de l’élite mondiale, la 48ème édition du World Economic Forum (WEF) aura lieu la semaine prochaine à Davos. Du 23 au 26 janvier quelques 3’000 personnes, dont 70 chefs d’Etat et de gouvernement, prendront part à cette réunion devenue incontournable.
America first
Le forum, considéré par une fraction de la population comme un club pour riches hommes d’affaires, essuie les critiques depuis de nombreuses années. Mais si les journalistes et les passions se déchaînent sur le sujet ces dernières semaines, ce n’est pas pour faire les louanges ni les critiques du WEF, mais pour citer Donald Trump. Depuis l’annonce de sa venue par la maison blanche, les commentaires et avis sur sa présence vont bon train. Déjà surnommé la vedette de Davos par les journalistes, Donald Trump est un fervent défenseur du protectionnisme et de l’isolationnisme, que son slogan «America first» rappelle à qui veut l’oublier. N’est-ce donc pas un paradoxe de retrouver cet ex homme d’affaires devenu président au temple de la mondialisation et du multilatéralisme ? Mais il ne faut pas oublier que Trump a l’habitude des contradictions et des incohérences, venir à Davos s’inscrit donc dans la même lignée, sachant que lors de sa campagne, il a émis de nombreuses critiques sur le WEF. Sa présence reste néanmoins un point d’interrogation, est-ce que son but est de redorer son image à l’international ou seulement de faire du réseautage ? Le discours de clôture, qu’il récitera le 26 janvier, réservera certainement de nombreuses surprises.
Et l’environnement ensuite
Depuis sa création, le WEF a pour devise d’améliorer l’état du monde. Pour atteindre ce but très louable, un rapport, nommé Global Risk Perception Survey, est réalisé annuellement en amont de la réunion. Un panel international de 1’000 personnes bien pensantes, chefs d’entreprises, scientifiques et économistes, identifie les principaux risques mondiaux pour les 10 prochaines années. Cette année, trois risques parmi les cinq premiers sont liés au climat et aux désastres naturels, ce qui place 2018 sous le signe de l’environnement. Pour rappel, en 2017, 710 événements climatiques extrêmes ont été dénombrés. Et c’est sans négliger que selon les données publiées fin 2016 par la Banque Mondiale «chaque année, les conséquences des catastrophes naturelles entraînent des pertes de consommation équivalant à 520 milliards de dollars et font basculer près de 26 millions de personnes dans la pauvreté». Ces accidents météorologiques menacent donc fortement la stabilité politique des pays concernés. Prenant en compte que la prospérité économique nécessite une situation stable, la causalité entre économie et environnement n’en est que plus importante. Après le retrait des Etats-Unis en 2015 de l’accord de Paris sur le climat, nous aurions logiquement pu espérer que le WEF se substitue à la COP21 en incitant les multinationales, notamment américaines, à plus de conscience écologique, ne serait-ce que dans un but économique. La question reste donc à savoir si la présence du leader de la première puissance mondiale, connu pour sa négation du changement climatique, sera une inspiration à se rallier à son opinion, ou à l’opposé, un argument supplémentaire de contestation. Nous attendons donc avec impatience, ainsi que l’environnement et les espèces en voie d’extinction, le tweet de fin du WEF.