Environ un mois après l’élection présidentielle française qui a porté au pouvoir Emmanuel Macron, la France s’apprête, les 11 et 18 juin, à voter aux élections législatives qui renouvelleront les 577 députés de l’Assemblée nationale.
A l’occasion des élections législatives françaises 2017, notre think tank soeur Argo, basée à Paris, nous détaille les issues électorales possibles et leurs implications.
La question principale de ce scrutin est de savoir le nombre de députés qui seront issus du parti du nouveau président, La République En Marche ! (LREM). L’enjeu est de taille car seule l’obtention d’une majorité de députés pourra permettre au président de faire voter ses réformes.
Trois scénarios sont envisageables :
Scénario 1 : LREM remporte plus de la moitié des sièges à l’issue des élections législatives
Obtenir plus de la moitié des sièges pour les députés LREM est l’objectif du président Macron afin de s’assurer les moyens de faire voter ses réformes sans des négociations souvent difficiles avec des députés d’autres bords politiques. E. Macron semble en bonne voie pour obtenir la majorité absolue dès lors que depuis 2002 les électeurs ont toujours confirmé lors des élections législatives le choix qu’ils avaient fait lors de l’élection présidentielle et que l’opposition apparaît en difficulté.
Toutefois, obtenir une majorité absolue ne constituerait pas pour autant une carte blanche pour le Président. En effet, les députés rattachés à un parti ont toujours la possibilité de voter comme ils le souhaitent, même hors des lignes du parti.
Scénario 2 : LREM remporte moins de la moitié des sièges à l’issue des élections législatives mais demeure le plus grand parti représenté
En remportant moins de 50% des sièges de l’Assemblée nationale, LREM devra trouver des députés alliés de façon à faire voter ses réformes. Cette recherche d’alliance pourrait s’effectuer selon deux méthodes qui verraient le fonctionnement de l’Assemblée nationale bouleversé.
1. Par la conclusion d’alliances permanentes : un certain nombre de députés issus des deux partis traditionnels français, le Parti Socialiste (PS) et le parti Les Républicains (LR), pourraient être tentés de rejoindre le parti du président. Cette option verrait donc se réaliser la proposition initiale du candidat Emmanuel Macron de dépasser le « clivage gauche-droite » en proposant une offre politique transpartisane.
2. Par la négociation au cas par cas des lois soumises au vote : le parti du Président devrait négocier le contenu de chaque réforme avec des députés d’autres bords politiques. Si ce mode de fonctionnement permet aux députés de réellement voter sur le fond de chaque loi, il peut peser sur la capacité à les faire voter.
Scénario 3 : LREM n’est pas le parti qui remporte le plus grand nombre de sièges à l’issue des élections législatives
Dans ce cas, le Président ne disposerait pas de la majorité nécessaire pour appliquer le programme sur lequel il a été élu. Il verrait sa marge de manœuvre considérablement réduite car le Premier ministre serait issu du parti majoritaire. Cette situation est appelée une « cohabitation ».
Face à cette situation, Emmanuel Macron pourrait décider de dissoudre l’Assemblée et de tenir de nouvelles élections législatives dans l’espoir de retrouver une majorité. Toutefois, la probabilité de voir un résultat différent est faible si la dissolution intervient trop tôt après les premières élections.
Tout laisse donc à penser que dans un tel scénario, une dissolution n’interviendrait qu’après une ou deux années de cohabitation pendant lesquelles Emmanuel Macron devrait renforcer son image.