«Ma crainte est que les extrémistes de l’UDC ne viennent entacher nos relations »

Europe

foraus a rencontré Mercedes Bresso, une eurodéputée optimiste mais ferme sur les principes. Partie 2 : Libre circulation.

Lisez ici la première partie de l’interview au sujet des relations entre la suisse et l’UE.

Cenni Najy: Avez-vous une certaine empathie pour les Suisses qui estiment que les seuils d’immigration actuels sont trop élevés (solde migratoire d’environ 80’000 personnes par an) ?

Mercedes Bresso : Je peux les comprendre, mais l’immigration intra-européenne est une chance pour tout le monde. Les minimas sociaux ne sont pas attribués aux primo-migrants et, surtout, il faut un travail pour pouvoir rester en tant qu’immigré. De plus, l’activité économique des uns crée in fine des emplois pour les autres. Aussi, il faut être extrêmement vigilant face à une rhétorique politique simpliste qui présente la migration comme un poids et non une richesse.

 

Comment percevez-vous la proposition officielle du canton du Tessin d’instaurer une clause de sauvegarde unilatérale afin de diminuer la pression migratoire en provenance de l’UE et surtout de l’Italie ?

Je pense que cette clause est un instrument d’une politique conservatrice qui est en décalage complet avec les défis économiques que la Suisse devra relever dans les prochaines années. Dès que la croissance économique reprendra, on s’apercevra que toute l’Europe a besoin de plus de migrants.

 

A court terme, si aucune solution ne peut être trouvée pour renégocier l’accord sur la libre circulation des personnes, les Suisses devraient-ils « revoter » ?

Je n’apprécie pas l’usage du verbe revoter qui impliquerait que l’Union européenne imposerait un ordre démocratique envers un pays souverain. Concrètement, nous avons deux alternatives. La première est celle d’un nouveau vote et effectivement d’une ouverture de la Suisse vers l’Union européenne et ce afin d’atteindre les mêmes standards que ce que nous faisons entre les États membres. La deuxième est malheureusement celle d’un durcissement de nos relations contractuelles et conventionnelles.

L’Union européenne instaure un espace de libre circulation des personnes, et ce afin de pouvoir réaliser les unions prévues dans le traité. De plus, nous considérons collectivement la libre circulation comme une chose positive. Ma crainte est que ce mouvement de la Confédération, voulu par les extrémistes de l’UDC, ne vienne entacher nos relations et les freiner à l’avenir. Je serais donc, à titre tout à fait personnel, en faveur d’une mobilisation de fond des partis progressistes et démocratiques en Suisse pour lancer une campagne en vue d’un nouveau vote sur un accord cadre et sur un approfondissement des relations avec l’Union européenne.